Le Gouvernement du Niger veut accélérer la réhabilitation de la Région de Diffa
Le Gouvernement du Niger veut accélérer la réhabilitation de la Région de Diffa, en proie au terrorisme armé depuis 2015. C’est dans ce sens que le Président de la République Mohamed Bazoum rencontre, ce mardi 22 juin à Niamey, les Ambassadeurs et chefs des missions des organisations internationales accrédités au Niger.
Cette rencontre de Niamey intervient 48 après le début entamé par les autorités de la Région de Diffa des opérations de retour des réfugiés et déplacés de la Région vers leurs localités respectives.
A la rencontre de Niamey, le Chef de l’Etat nigérien plaidera auprès des partenaires du Niger un accompagnement dans le cadre du retour des populations déplacées ou réfugiées dans leurs localités respectives, mais aussi l’appui dans le redémarrage des activités économiques de la région.
Les représentants des missions diplomatiques et des organisations internationales ont été également édifiés sur la stratégie pour la réhabilitation de la région.
La situation sécuritaire et humanitaire dans cette région, située à l’extrême Sud-Est du Niger, à plus de 1300 km de Niamey, rappelle-t-on, est marquée par une détérioration entretenue depuis 2015, plongeant les communautés dans une phase d’incertitude sans précédent.
En effet, Diffa compte actuellement 269 589 personnes déplacées réparties dans 74 621 ménages en provenance principalement du Nigeria et des autres villages des alentours.
Mais depuis le dimanche 20 Juin dernier, les autorités régionales entament les opérations de retour des populations déplacées.
La première vague a concerné près de 6000 personnes dont 2000 ménages. Il convient de noter que les personnes en déplacement sont essentiellement des déplacés, des réfugiés et des retournés.
Pour mémoire, Diffa est depuis 2015 le théâtre des attaques sanglantes du Groupe extrémiste Boko Hara, affilié à l’organisation terroriste Etat Islamique. La situation sécuritaire dans la région, bien que relativement calme, demeure néanmoins imprévisible en ce début de l’année 2021.
« La tendance au maintien de la pression des éléments des GANE (qui ont subi d’énormes pertes) sur les populations civiles et les cibles et objectifs militaires observés déjà en fin d’année 2020 restent cependant d’actualité », souligne un communiqué de la Présidence nigérienne.
Donnés pour affaiblis dans le bassin du Lac Tchad au lendemain de l’opération Colère de Bohoma lancée par les forces de défense du Tchad en avril 2020, les GANE ont démontré malgré tout le contraire en s’adaptant et en renforçant leurs capacités de nuisance, multipliant les exactions contre les populations civiles. La levée de bouclier n’a laissé aucun répit aux populations civiles qui ont payé le lourd tribut à travers les assassinats, enlèvements, extorsions de biens.
La relative accalmie observée au cours du troisième trimestre de l’année 2020 aura été de courte durée. En effet, en quête perpétuelle de moyens financiers et matériels pour se maintenir, les GANE vont perpétrer pillages et diverses exactions.
À la situation sécuritaire aussi volatile qu’imprévisible, il faudra adjoindre la pandémie de la COVID-19 qui a impacté négativement sur les ressorts sociaux et le déploiement des acteurs humanitaires sur le terrain.
Certaines localités de la région de Diffa sont restées également inaccessibles du fait de l’impraticabilité des voies ou des restrictions sécuritaires.
« C’est fort de cette situation que le président MOHAMED BAZOUM a mis un point d’honneur dans sa promesse de campagne de rétablir la situation en donnant des consignes de retour des populations dans leur terroir d’attache : c’est le cas du retour (déjà entamé) des déplacés et réfugiés du village de Baroua, désertée depuis le 30 octobre 2015 du fait de la crise Boko Haram », rapporte le communiqué de la Présidence de la République.
Dans le cadre de la réhabilitation, le Gouvernement nigérien prévoit la relance des activités socio-économiques
En effet, cette région, comme l’ensemble du bassin du lac Tchad, a été fortement déstabilisée par les activités du groupe armé Boko Haram. Une bonne partie des populations de Diffa dépendait de la vente du poivron et du poisson au Nigéria pour nourrir leurs familles et subvenir à leurs autres besoins, et de nombreuses familles ont l’habitude de se déplacer vers le Nigéria lors de la période de soudure (mai-septembre) pour y exercer des activités génératrices de revenu.
Or, la présence de membres actifs de Boko Haram des deux côtés de la frontière perturbe les routes traditionnelles, accroissant la vulnérabilité des ménages et alimentant une certaine psychose au sein des communautés locales.
Les activités du groupe terroriste dans le Nord Nigéria ont fait fuir la population et les commerçants de sorte que les villages sont désormais vides empêchant tout échange, notamment économique. Boko Haram rançonnait les commerçants et imposait de lourdes taxes sur les exportations de poivrons dont une partie est écoulée au Nigeria.
A un certain moment, l’interdiction de la vente du poivron (interdiction levée en octobre 2017) et du poisson a été promulguée par les autorités car ces produits sont considérés comme source de revenus pour le groupe Boko Haram.
Avant la crise, la région de Diffa produisait près de 10 000 tonnes de poivrons chaque année, soit 80% de la production nationale.
Les échanges intercommunautaires démontrent que les principaux rapports qui existent entre les communautés transfrontalières sont de types sociaux et culturels. Ces types de rapports entre les communautés démontrent leur forte proximité au quotidien. En effet, ces communautés vivant à la frontière partagent la même histoire, la même culture (langue commune) et entretiennent des liens sociaux forts (principalement des attaches familiales importantes).
« En outre, on observe l’existence moindre d’échanges économiques qui s’explique par l’insécurité dans la région (incursions et activités de Boko Haram). Mais des dispositions sont en train d’être prises dans le sens de la normalisation des activités économiques », rapporte le communiqué de la présidence de la République.
« Le Président de la République SEM. Mohamed BAZOUM, conscient de cette situation ayant des répercussions sociales, veut relancer cette économie durement frappée par les agissements des groupes terroristes, mais aussi par les restrictions en raison de l’état d’urgence », peut-on lire dans le communiqué.
Avec ANP
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