Préparatifs de la fête de Tabaski au Niger : entre cherté des moutons et précarité.
Les musulmans du Niger, à l’instar de ceux du monde musulman, s’apprêtent à célébrer, ce mardi 20 juillet 2021 correspondant au 10 du mois hégirien Dhoul al-Hijja 1442, la Fête de l’Aïd al-Adha ou la Fête de Tabaski.
A 24 heures de cette Fête, également appelée Fête du Mouton, qui commémore le Sacrifice du Prophète Abraham, les préparatifs vont bon train. A Niamey, les marchés de bétail et de condiment ont grouillé de monde le weekend, chacun voulant s’offrir le nécessaire pour la Fête.
Dans les rues, pratiquement tout le monde à l’esprit à la tête. Aux vendeurs ambulants des moutons se mêlent ceux des ustensiles de cuisine et autres objets et matériels (charbon, bois, nattes, fils de fer, etc.) nécessaires à la grillade et à la cuisson de la viande des moutons qui seront sacrifiés le jour de la Fête.
Au Tourakou (marché de bétail) de la Commune 2, les lieux de vente habituelle sont pleins de moutons, certains revendeurs ont même disposé les moutons jusque dans les rues obstruant la circulation par endroits. On y observe un véritable tohu-bohu indescriptible.
Mais en dépit de la disponibilité des moutons, leurs prix ne sont pas abordables cette année, selon certains acheteurs. En effet, pour pouvoir disposer d’un bon mouton de Tabaski, il faut débourser pas moins de 70.000 F CFA.
« A 48 heures de la Fête, nous a témoigné un fonctionnaire sous couvert d’anonymat, les prix des moutons n’ont toujours pas baissé comme nous l’observions par le passé. Les moutons sont encore chers et la plupart des fonctionnaires n’ont pas assez de moyens pour payer des moutons gras comme recommandés par l’Islam, parce que nous sommes pratiquement à la fin du mois et il reste encore quelques jours pour faire les salaires ».
Quant à ce sexagénaire maigrichon, au regard un peu inquiet, il nous a lâché : « les gens n’ont pas peur de Dieu. Avec 60.000 F CFA, tu ne peux avoir un mouton. C’est vraiment lamentable ! ».
Expliquant la hausse des prix des moutons cette année, le revendeur Boureima Halidou nous fait savoir que « c’est dès la source, c’est-à-dire auprès des propriétaires, que les moutons sont vendus chers. Il y a aussi cette situation d’insécurité qui a fait que certaines sources d’approvisionnement sont inaccessibles ».
Quant à M. Siddo, cet autre revendeur, il nous a confié que « les Nigériens sont toujours attentistes. Ils viennent payer les moutons au dernier moment. On ne s’inquiète pas trop ».
L’Aïd el-Kébir au Niger, note-t-on, est toujours un grand moment de fête certes, mais aussi d’affaires principalement autour du mouton. A côté, s’y collent toutefois des petits commerces liés à la vente de tout ce qui entre dans la préparation du mouton : couteaux, poêles, fils de fer, nattes, bois, etc.
Ces dernières années, les Nigériens abandonnent le bois de chauffe pour se tourner de plus en plus vers le charbon de bois ou minéral pour griller les moutons. Là également, au vu de l’engouement autour du charbon, les prix du sac augmentent d’année en année à l’approche de la Fête. Le sac de 100 kg coûte entre 8.500 et 10.000 F CFA actuellement, alors qu’il est vendu en deçà de 7.000 F CFA avant la période de la Fête.
Avec ANP