MSF soutient son employée expulsée du Niger
Médecins sans frontières a soutenu samedi sa pédiatre expulsée du Niger pour “manipulation d’information”, soulignant que l’ONG avait “décidé d’alerter” sur les taux de mortalité infantile dus à la malnutrition et au paludisme dans le sud du pays, dénoncés sur les réseaux sociaux par la pédiatre.
“MSF tient à clarifier que la pédiatre de MSF, Anne Pittet, qui a été obligée de quitter le Niger s’est exprimée officiellement au nom de MSF, sur la situation au sein de l’unité pédiatrique de Magaria, sur laquelle MSF avait décidé d’alerter” assure un communiqué diffusé par MSF-Suisse.
Les autorités nigériennes avaient annoncé mercredi l’expulsion de la pédiatre basée à Magaria, dans le sud du Niger: “Le motif (de son expulsion) c’est une vidéo dans laquelle elle a manipulé des informations, en rapportant qu’à Magaria il y a 10 décès par jour, soit 298 à 300 décès par mois”, avait expliqué à l’AFP le ministre nigérien de la Santé, Idi Illiassou, pour qui le bilan était bien moindre.
Le ministre avait précisé que MSF-Suisse “va continuer à travailler” au Niger “parce que ses responsables ont affirmé” que l’employée “n’a pas agi au nom” de MSF.
Dans son communiqué, MSF précise: “Nous travaillons actuellement avec le ministère de la Santé nigérien afin de clarifier ensemble la situation au sein de cette unité. Notre volonté est de poursuivre notre mission médicale d’urgence sur place, guidée par la priorité absolue commune de sauver des vies”.
Dans une vidéo d’un peu plus d’une minute tournée à Magaria et diffusée sur les réseau sociaux, la docteur Pittet affirmait notamment: “C’est impressionnant, ils (les patients) arrivent par wagons, tous plus mal les uns que les autres (…) 298 décès en un seul mois, ça veut dire dix décès par jour en moyenne (…) moi je n’ai jamais vu autant de décès de ma vie”.
Dans un communiqué publié le 25 septembre, MSF avait déjà affirmé que “depuis plus d’un mois”, ses équipes de soins pédiatriques “luttent contre des taux de mortalité alarmants chez les enfants de moins de cinq ans à Magaria”.
Au cours du mois dernier, MSF a comptabilisé “une moyenne de 10 décès d’enfants chaque jour” au cours des 30 derniers jours, avait déclaré une porte-parole de l’organisation à Genève.
Dans la foulée, les autorités nigériennes avaient fermement démenti les chiffres avancés par MSF. “De janvier 2018 à mi-septembre, les formations sanitaires du district de Magaria ont eu à notifier 67 décès dus au paludisme”, a précisé, Djermakoye Hadiza, la responsable du Programme gouvernemental de lutte contre le paludisme du Niger.
En juillet 2008, Niamey avait déjà mis fin aux activités de Médecin sans frontières (MSF-France) dans la région de Maradi (centre-sud) où sévissait une crise alimentaire sévère consécutive à la sécheresse et une invasion de criquets pèlerins.
Avec AFP et VOA